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Etudes en diététique
28 juin 2018

Savons-nous manger?

Savons-nous manger? Mais quelle question! Oui, nous savons manger - depuis qu'on ouvre les yeux pour la toute première fois. L'un des premiers reflexes du nouveau-né, après le reflexe respiratoire - c'est bien celui de têter le sein.

On dit que les bébés mangent à leur faim - ils ne se resservent plus, une fois rassasiés.

On dit qu'un enfant ne se laisserait jamais mourir de faim - s'il est réellement affamé, il mangerait ce qui lui est proposé, sans faire de manières.

Mais que dit-on à propos des adultes? Je veux dire, des adultes-mangeurs? Y a-t-il un constat semblable? Genre: "un adulte, ça mange que ce qui est nécessaire"? Ou encore: "un adulte ne mangerait jamais de nourriture qui perturberait sa santé"?

Humm... Non!

Bien au contraire, on doit se rendre à l'évidence: un adulte, ça oublie mystérieusement comment et combien manger pour rester en bonne santé! Car oui, l'alimentation à elle toute seule, peut en être responsable.

Les problèmes qui en résultent:

- surpoids / obésité;

- autres troubles du comportement alimentaire - l'anorexie mentale, la boulimie, l'hyperphagie boulimique, l'orthorexie, la néophobie alimentaire;

- pathologies du système digestif;

- pathologies des autres systèmes de l'organisme provoquées par une mauvaise alimentation.

A L I M E N T A T I O N   C O R R E C T E   E T   I N C O R R E C T E

Une multitude de malaises et de maladies peuvent être évitées ou guéries grâce à une alimentation correcte.

Le problème, c'est qu'il ne s'agit pas d'un régime à court ou à long terme. Pour que votre alimentation soit votre alliée, et non pas votre ennemie, il faut la traiter avec respect.

Cela ne nous viendrait pas à l'esprit d'acheter un appareil photo pour se servir du couvercle de son objectif comme d'une emporte-pièce pour biscuits, n'est-ce pas? Ou bien remplir le réservoir de la voiture avec de la peinture acrylique à la place de l'essence?

Si quelqu'un faisait ça devant nos yeux, on lui aurait dit: "Que fais-tu, pauvre sot! Ca coûte si cher, c'est fragile, tu vas le casser!"

En revanche, on n'a souvent pas de remords pour s'empiffrer de substances qui n'ont pas leur place dans le système digestif d'un être humain, ou bien peuvent y être tolérées, mais en quantité largement inférieure que celle que l'on y administre.

Ainsi, les mauvais mangeurs endommagent, de plein gré, jour après jour, une machine très précieuse et unique qui est - le corps humain.

R E V E N O N S   A   L A   Q U E S T I O N

Je reviens à la question de l'article et je vais passer aux choses plus concrètes. Les propos qui vont suivre, n'engagent que moi, bien évidemment. Je ne prétends pas à la scientificité, il s'agit de la réflexion pûre.

Alors, savons-nous manger?

Briserons cette question en quelques unes plus "étroites":

1) C'est quoi, le savoir-manger?
2) Comment et quand nous est-il enseigné, ce savoir?
3) Mangeons-nous SELON ou MALGRE notre propre "doctrine" alimentaire? Sommes-nous des acteurs ou des pions de notre alimentation?

L E   S A V O I R - M A N G E R

Je ne suis pas du tout sûre que ce terme existe, j'ai eu envie de l'utiliser par analogie avec le "savoir-faire" ou "savoir-vivre". Mais jugez par vous-même: ce phénomène est présent dans n'importe quel pays et n'importe quelle société.

Tout comme les normes de bonne conduite, les normes vestimentaires, dans chaque société il existe toujours les normes concernant:

- le choix d'aliments;
- les techniques de leur préparation;
- les habitudes de leur consommation.

L E   C H O I X   D E S   A L I M E N T S

Ainsi, le choix des aliments va porter tout naturellement sur ceux qui sont traditionnellement consommés à l'endroit donné. De nos jours, on mange de plus en plus des aliments provenant des quatre coins du monde, mais il y a encore peu de temps, le choix alimentaire était beaucoup plus restreint du point de vue géographique. Les Mexicains mangeaient mexicain, les Indiens mangeaient indien, etc. De cette façon, durant des siècles et des siècles, les estomacs des gens s'adaptaient à la nourriture spécifique locale.

Ensuite, parmi les aliments disponibles localement, on choisit ceux qui sont habituellement consommés et qui ne sont pas prohibés, y compris par des interdictions religieuses. Exemple: les chiens sont disponibles en France, mais on ne les mange pas (alors qu'on les mange en Corée) car il n'en est pas de coûtume. Je me demande, d'ailleurs, si c'est prohibé en France?... Un autre exemple: les vaches sont disponibles en Inde, mais elles ne sont pas mangées que dans certains états de l'Inde, et sont intérdites à la consommation dans d'autres.


L E S   T E C H N I Q U E S   D E   P R E P A R A T I O N

Pour préparer la nourriture, les Terriens ne sont pas égaux, non plus. Le confort des uns n'existe pas toujours chez les autres. Cuisiner à la vapeur (ou dans un robot-cuiseur) ou cuisiner par terre sur le feu de camp, ça influe drôlement sur les qualités gustatives et nutritionnelles de la préparation.

Au niveau des épices, le savoir-manger des différents peuples est aussi très différent. Si en Asie ou en Amérique Latine (mais pas que là-bas, rassurez-vous!) on mange très (ou TRES TRES!) épicé, les épices y sont LE maître-mot d'un plat, le feu d'artifice, le volcan; en Europe, généralement, les épices dans des préparations culinaires sont peu ou pas perceptibles, elles servent souvent d'un fond, d'une légère voile, d'un écho.

Ensuite rentrent en jeu tous les produits d'ajout (c'est à dire, les substances qui ne sont pas, à proprement parler, nécessaires dans un tel ou tel aliment). Ce sont des fameux additifs alimentaires, édulcorants, arômes et Dieu sait quoi encore. Les habitants des pays dits "développés" en "bénéficient" largement.


L A   C O N S O M M A T I O N

On consomme la nourriture tous les jours d'une certaine façon et pas autrement. Est-ce que c'est ainsi?

Oui, évidemment, parfois nous faisons des écarts (fêtes, déplacements, humeur, divers soucis, etc.), mais en gros, on a nos habitudes pour des repas:

- horaires: sauf des cas désespérés, les gens mangent aux horaires plus ou moins stables - ce qui forme une sorte de bio-horloge à l'intérieur de notre organisme qui s'habitue à recevoir un peu de ravitaillement aux "happy hours";

- temps d'un repas: certains mangent "sur les pouces", en courant, tandis que d'autres prennent leur temps en y consacrant parfois jusqu'à deux heures (ça fait trop, oui!!). En quoi ça change le processus de la digestion? Quand on avale la nourriture rapidement, on mastique beaucoup moins et par conséquent on 1) oblige notre estomac à travailler plus longtemps pour émincer et homogénéiser le bol alimentaire, et 2) on dépasse à tous les coups le seuil du début de satiété et on ingère plus de nourriture que ce qu'il nous faut;

- compagnie: là pareil, on prend les repas habituellement seuls ou en famille (ou entre collègues au travail, ou entre copains à la cantine scolaire... Parfois en expédition en Antarctique, ou à bord d'un vaisseau spatial! etc.);

- matériel: on mange avec ses doigts, ou à l'aide de couverts, ou de chopsticks. Et c'est pareil de jour à l'autre! J'ai rarement vu des gens qui enchainaient tous ces modes de prise de nourriture ensemble! D'ailleurs, il paraît que c'est beaucoup plus bon de manger avec ses doigts...

- quantité de la nourriture: si les uns sont rassasiés avec peu de nourriture (les raisonnables ou les naturellement peu-appétants), d'autres ont tendance à looper le point du "assez" - volontairement ou involontairement;

- température du repas: j'ai lu un article sur un peuple asiatique, je vous avoue que je ne me rappelle pas de qui il s'agissait - de Vietnamiens ou de Cambodgiens (ou autres?), mais l'article assurait qu'ils aiment commencer à manger à peine la nourriture est "sortie du four" - bref, ils mangent très-très chaud, sans attendre le début de refroidissement. Faut s'y être habitué, hein?

- rituels ou cérémonies autour de la nourriture: il paraît que c'est assez rare, surtout de nos jours. Le premier rituel qui me vient tout de suite à l'esprit, c'est le rituel du lavage des mains avant de passer à table. Là encore, tout le monde n'y adhère pas... Le rituel d'une prière avant le repas... Puis, on peut se rappeler de la cérémonie du thé en Chine, au Japon, en Russie. Ca, d'ailleurs, ça peut faire l'objet d'un article à part!

Et si chaque société a des normes tacites et des habitudes alimentaires dits "encouragées" (celles qui sont censées préserver et/ou améliorer la santé), c'est à chaque individu de faire le choix de les suivre ou pas.


C O N C L U S I O N

Avec la globalisation et les changements socio-culturels, nos habitudes alimentaires subissent, elles aussi, des changements. Ainsi, nous consommons de plus en plus de produits venus "d'ailleurs". Je n'insiste pas que c'est mauvais pour l'organisme de celui qui mange de la nourriture "inhabituelle", mais il est probable que ça ait un rapport.

A chaque société son problème alimentaire majeur : dans les pays pauvres c'est la dénutrition, dans les pays riches (et forcément industriels) - l'obésité et l'ingestion massive de polluants.

Si l'on prend le savoir-manger d'une société donnée, et on lui attribue la valeur "NORME", alors on peut diviser sa population en quatre groupes inégaux:

GROUPE 1 (hors norme): ceux qui n'ont pas les moyens pour se nourrir correctement, sans différencier leur attitude envers la NORME alimentaire;

GROUPE 2 (hors norme): ceux qui ont les moyens pour se nourrir correctement, mais qui ne le font pas sans faire exprès (oui, c'est enfantin, mais je ne trouve pas une autre expression) - PAR IGNORANCE de bonnes pratiques et/ou par PERSUASION de les avoir suivies;

GROUPE 3 (hors norme): ceux qui ont les moyens pour se nourrir correctement, mais qui ne le font pas en pleine conscience. Les délinquants!

GROUPE 4 (dans la norme): ceux qui ont les moyens pour se nourrir correctement et QUI LE FONT !! C'est le groupe le moins nombreux et le plus dispersé.

R O L E   D U   D I E T E T I C I E N

Notre but, en tant que diététiciens (futurs diététiciens pour moi!), c'est d'aider nos patients non seulement en fonction de leurs besoins nutritionnels, mais aussi (et surtout!) - en fonction de leur conscience ou inconscience par rapport aux normes du savoir-manger, ainsi qu'en fonction de leur attitude envers ces normes.

Ainsi, je me définie, dès maintenant, une priorité pour mes futures consultations: détecter si oui ou non le patient est au courant des normes alimentaires et nutritionnelles et l'encourager à les étudier de plus près. Car une prescription diététique ne peut faire de miracles que si le patient se rend pleinement compte à quoi précisément elle servirait.

zastavka article1

#éducationthérapeutiquedupatient #savoir-manger #normesalimentaires #habitudesalimentaires #rôlesdudieteticien #métierdiététicien

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Commentaires
B
J’apprécie vraiment cet article, parce qu’une bonne santé commence dans notre assiette. Les aliments que nous consommons jouent un rôle très important dans le maintien d’une bonne santé physique et même psychique. Si nécessaire, le mieux c’est de consulter un nutritionniste pour adopter le régime alimentaire adéquat.
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